L’émergence de la réalité virtuelle dans les formations médicales : état des lieux et perspectives

La réalité virtuelle (RV) bouscule le monde de la formation médicale. Depuis quelques années, les écoles de médecine et les instituts de formation paramédicale s’intéressent de près à cette technologie. Selon une étude de MarketsandMarkets, le marché de la RV dans la santé pourrait atteindre 6,2 milliards de dollars d’ici 2026. Des chiffres qui donnent le tournis!

Nous voyons apparaître des simulateurs qui permettent de recréer des situations cliniques complexes. Que ce soit la gestion d’urgences cardiaques, des interventions chirurgicales délicates ou encore la formation à l’auscultation 3D, la RV offre une panoplie d’applications. La possibilité d’apprendre sans risque d’erreur fatale et d’alterner les scénarios à l’infini est clairement un atout de taille.

Mais gare à l’excès d’enthousiasme. ProMed note que les infrastructures nécessaires et les coûts de ces technologies sont encore un frein pour beaucoup d’institutions. En somme, la RV, c’est cool, mais c’est aussi un sacré budget.

Études de cas et témoignages : success stories et échecs retentissants

Prenons par exemple le cas de la Faculté de Médecine de l’Université de Stanford qui utilise la RV depuis 2017 dans son programme de chirurgie. Résultat? Les étudiants trouvent qu’ils apprennent plus vite et retiennent mieux les informations. Une étude publiée dans le Journal of Medical Education conclut que 95% des étudiants formés avec la RV surpassent leurs homologues formés de façon traditionnelle.

Mais tout n’est pas rose dans le monde virtuel. À l’Université de Namur, un projet pilote de RV pour la formation en soins infirmiers a été mis en suspens. Le retour d’utilisateurs a révélé des problèmes de migraîne abondante après chaque séance de simulation. Sans oublier la complexité de l’installation et la nécessité d’une maintenance technique poussée.

Les défis et les limites : coûts, accessibilité et éthique

Parlons vrai : la technologie, ça coûte un bras. Les casques RV de qualité professionnelle coûtent entre 1 000 et 3 000 euros, sans compter le logiciel et les ordinateurs assez puissants pour les faire tourner. Cela rend la formation en RV inaccessible pour beaucoup de petites écoles ou de pays en développement.

Rajoutons à cela un enjeu éthique. Former de futurs médecins exclusivement avec des outils virtuels risque-t-il de les déshumaniser? L’interaction humaine, le toucher, le contact visuel ne peuvent pas être entièrement remplacés par une machine. Dr. Paul Bernard de l’Université Paris-Saclay souligne que la RV doit être un complément, pas un substitut.

De notre point de vue, nous pensons que la RV dans la formation santé est une innovation révolutionnaire mais elle doit être utilisée avec sagesse. Nous recommandons aux institutions de bien évaluer leur budget, la formation de leurs formateurs et les retours des utilisateurs finaux avant de se lancer dans cette aventure coûteuse mais potentiellement transformative.

L’avenir de la réalité virtuelle dans la formation médicale dépendra de sa capacité à se démocratiser tout en préservant l’essence humaniste de la profession médicale.